La voiture électrique fait craquer le réseau électrique ? | 06 févr. 20, felix.buche

Synthèse d’un rapport du gestionnaire de réseau électrique en France (RTE) sur l’impact de 15 millions de véhicules électriques supposés, à l’horizon 2035 en France.

 

La France a l’avantage de posséder déjà un réseau électrique particulièrement performant du fait d’un grand nombre de chauffages électriques.

C’est la conséquence de l’ancienne politique du « tout électrique » et d’un programme électronucléaire ambitieux.


Le réseau est alors conçu pour résister à des pointes de consommation impressionnantes, notamment pendant les vagues de froid. Le gestionnaire a l’habitude de prédire et de gérer ces pics de consommation, allant jusqu’à 100 000 MW pour la France entière, s’il faisant -15°C à Strasbourg et -5°C à Marseille. Cela correspond à la puissance de 80 réacteurs nucléaires à plein régime.

 

Pour pouvoir gérer 15 millions de véhicules électriques en France, le rapport d’RTE mentionne bien la nécessité d’une mise en place de « solutions de pilotage les plus simples » pour la recharge des véhicules électriques. Il s’agit là du pilotage par impulsion au début et à la fin des heures creuses, connu depuis des décennies en France pour les ballons d’eau chaude électriques. Rien que ce mode de pilotage rustique, ne nécessitant aucun équipement informatique chez le particulier, permettrait d’intégrer un grand nombre de véhicules électriques, sans bouleverser le réseau existant.


De fait, la contrainte réelle est celle du créneau horaire 18 h – 21 h, en hiver surtout, car c’est la pointe absolue de consommation. Il ne faudrait évidemment pas ajouter des millions de véhicules en recharge simultanément sur cet horaire. Mais selon les projections, dans 85% des cas, il sera amplement suffisant de faire débuter le cycle de recharge d’une voiture électrique vers 21h ou 23h, sur impulsion, lorsque nous avons de toute façon toute la nuit pour recharger.


RTE a même simulé les pointes les samedis de départ en vacances, avec un futur grand nombre de bornes de recharges ultrarapides sur les grands axes. Mais puisque durant les week-ends, l’industrie consomme beaucoup moins de courant qu’en semaine, cela ne pose pas de problème particulier non-plus.


Avec des moyens de pilotage informatisés, on arrive même à rendre le réseau électrique plus résistant aux aléas climatiques qu’il ne l’est aujourd’hui ; car un grand nombre de véhicules électriques branchées pourra aider à stabiliser le réseau en cas de défaillance d’une centrale ou d’une ligne à haute tension, par le délestage ou la réinjection de courant (V2G).

 

Aujourd’hui, les premières voitures électriques de série peuvent se recharger « à la vitesse du son », donc 100 KMs d’autonomie en 6 minutes. Ce n’est ni en laboratoire, ni de la science-fiction, ce sont des bornes de recharge IONITY ou Tesla Supercharger qui délivrent entre 200-350 KW de puissance maximale, même si elles se font encore assez rares en France à ce jour. Mais on n'est pas encore en 2035.



Rapport de 80 pages disponible sur :
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